Croyances limitantes et/ou retraiter une information dysfonctionnelle

img-7

Un bel article rédigé par Gérard Vaillant membre actif de la commission coaching & sport :

Exemple de rdv de coaching professionnel avec un sportif professionnel

Philippe* est joueur d’une équipe professionnelle de sport collectif. (Pour respecter la confidentialité de nos échanges le prénom est changé et le sport n’est pas précisé)

Comment se construit une croyance ? Comment dans la tête d’un compétiteur et/ou d’une équipe s’initie une croyance limitante ? 

Match 1 : L’équipe joue bien. Et mène le match +5. Les actions s’enchainent avec fluidité. Attaque, défense, tout va bien. Et puis, 1 erreur ça arrive. +4.  Une seconde, ce n’est pas de chance. +3  Une troisième ! Les joueurs se crispent. Les actions sont plus individuelles. +2. C’est maintenant l’arbitre qui avec une mauvaise interprétation … +1. C’est la panique alors que l’équipe est encore en perf.  Le coach prend un temps mort. Reprise du jeu et perte de balle ! Retour des adversaires à égalité. Les bras tremblent et sur le terrain les joueurs hésitent à prendre des initiatives. Lorsqu’ils font un choix c’est avec la peur de mal faire et alors le résultat est sans appel. L’équipe déjoue. Philippe sent bien ce qui se passe et veut sauver son équipe. Il en fait un peu plus de d’habitude. Ça ne marche pas. L’action suivante, il se fait sanctionner par l’arbitre. Changement de joueur pour un remplaçant qui sait qu’il doit à tout prix réussir sa 1ère attaque. Avec le stress de sa rentrée, il sort du dispositif et joue en 1ere intention ce que la défense adverse arrive facilement à déjouer. C’est la spirale infernale. Quelles minutes plus tôt il y avait la maitrise et l’inspiration. Et maintenant plus rien ne marche. 

Match 2 ! Dans ce cas, le match est perdu et l’on peut s’arrêter là. Mais imaginez que le match suivant vers la 45ème minute cela recommence. Et c’est le début de la création d’une croyance collective. Comme un processus, un pattern… L’entraineur dit c’est un problème mental et il a raison. 

Match 3 : A votre avis que se passe-t-il dans les têtes à la 45ème minute ?

Mais comment en sortir ? Qu’est ce qui se passe ? Pour Philippe pour ses partenaires et le staff.

J’ai rdv avec Philippe et nous regardons ensemble cette enchaînement de défaites. Je propose à Philippe de tester avec l’approche ActionTypes différentes situations pour voir ce qui se passe pour lui en fonction du contexte et des différents moments du match. Le test de motricité ActionTypes consiste pour Philippe à réagir à une pression irrégulière pour mobiliser ses chaines musculaires préférentielles. Il existe de façon de marcher par le bas du corps pour les Terriens et par le haut du corps pour les Aériens. 

Philippe pense au début du match, je réalise le test de motricité qui est conforme aux préférences de Philippe. Il marche bien toujours par le bas du corps. Puis Philippe vit le déroulement du match 15 min motricité ok, 30 min ok, début de 2eme période ok  et à 45 min une inversion des préférences de Philippe met en évidence un stress ou une perturbation. Les pensées à ce moment du match modifient la motricité mise en jeu. C’est un peu comme si un joueur droitier devenait gaucher. C’est assez surprenant. La conscience du temps qui passe, même si l’équipe mène au score provoque une tension lorsque Philippe imagine le chronomètre indiquer 45 minutes. Et subitement, le résultat du test s’inverse. Philippe qui marche par le bas du corps n’a plus de force et de réactivité avec le poids du corps sur les talons. Il devient fort sur l’avant des pieds. Il sollicite les chaines musculaires dorsales qu’il n’utilise pas habituellement lors de ses actions. Dans ce contexte, il a toujours la même motivation mais il rate son action. Il se fait des reproches accentuant encore le stress et l’inversion de ses préférences motrices. Ce n’est pas acceptable, il est pro et n’a pas le droit d’être défaillant. Son dialogue interne est alors très critique. Et c’est reparti pour recréer les conditions favorables pour initier de nouveaux le piège dans lequel il va replonger. C’est comme une spirale infernale. Ce qui se joue pour Philippe est sans doute équivalent au niveau de ses partenaires et du staff. Je n’ai pas eu l’occasion de faire les tests à toute l’équipe. Mais cette tension, semble créer une réalité. Le match est différent avant la 45ème et une minute après. Avant l’équipe joue bien et après pas moyen. 

Comment empêcher d’écrire la fin du match avant la fin du match ? 

Lors du rdv de coaching avec Philippe, je propose de mettre en évidence l’impact de ses pensées sur la capacité de Philippe à produire une performance et sa contribution au résultat de l’équipe. Philippe me raconte sa façon d’être avant  et lorsque la 45eme minute arrive. Il dit toujours en vouloir autant. Il est motivé. Mais sa perception du temps qui passe entraine une tension à 45ème minutes. Une partie de son attention est affectée à l’observation des partenaires. Il s’agace sur les approximations de placements ou des mauvais choix. Il n’est plus rassembleur comme en temps normal. Après avoir mis en évidence l’inversion de motricité, je propose à Philippe d’utiliser la Neuroharmonisation pour travailler cette question. 

La Neuroharmonisation® consiste à un déplacement des yeux en pensant à la situation problématique. Ce déplacement des yeux en diagonale mobilise la zone préfrontale du cerveau facilite le retraitement de l’information stockée de façon dysfonctionnelle. Le changement de motricité de Philippe met en évidence une situation dysfonctionnelle. Le fait de penser à la 45ème minute alors qu’il est là devant moi caractérise ce dysfonctionnement. Le déplacement des yeux sur 4 grandes diagonales va permettre à Philippe de retraiter cette information, cette croyance et en mobilisant le cerveau préfrontal et opérer un retraitement de l’information. Quelques minutes plus tard Philippe va refaire le test de motricité pour mettre en évidence que la 45ème minute n’entraine plus d’inversion motrice. 

Un autre élément va contribuer à changer la fin de l’histoire. L’équipe joue contre une équipe de haut de tableau. Mené au score en 2ème mi-temps, le contexte est différent et l’équipe se refait une santé et joue mieux en 2ème période que lors de la 1ère. Voilà une exception qui met en évidence qu’il n’y a rien de spécial qui détermine la performance à la 45ème minute. 

Encore une chose, l’entraineur est confirmé dans sa responsabilité de l’équipe. Un changement de joueur en fin de match donne quelques ballons à un jeune joueur qui n’a rien à perdre. Il se lâche et marque 2 buts. C’est la victoire. Fin de série. Et retour du mental positif de l’équipe !

L’histoire se termine bien. Jusqu’à la prochaine série… ou la prochaine croyance.