La gestion des émotions au service de la performance sportive

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Un bel article rédigé par Joanne Fourtanier membre actif de la commission coaching & sport :

« Sur quoi travaille un coach professionnel lorsqu’il accompagne la performance en milieu sportif ? »

Cette question nous est posée souvent et même si nos clients sportifs nous sollicitent sur des thématiques très variées, la gestion des émotions revient régulièrement .  

Beaucoup de cultures anciennes et modernes font référence aux différents « corps » de l’être humain qu’on pourrait résumer ainsi: le physique, le mental, l’émotionnel et le spirituel (autrement dit notre identité ; l’essence de ce que nous sommes et où réside nos valeurs et nos besoins).  Pour que la performance soit au top le jour J ces différentes parties ont besoin d’être en bonne forme et alignées.  La préparation physique en sport a énormément évolué depuis les 30 dernières années et la préparation mentale est une discipline en pleine croissance actuellement. Par contre le travail identitaire et émotionnel n’est toujours pas ancré dans la préparation du haut niveau et manque terriblement à certains athlètes.  L’espace de coaching est un endroit idéal pour ce travail qui aide également à aligner la tête et le cœur … et de là, le corps ne peut que suivre.

« Comment est-ce que le travail émotionnel est abordé ? »  

Une grande partie de la réponse se trouve dans le schéma ci-dessous car c’est par la connaissance de soi et le travail sur l’identité que l’athlète peut ensuite mieux gérer et utiliser ses émotions, et de là exploiter plus pleinement ses capacités techniques.

Le coach va souvent commencer par un travail d’ancrage et d’identité pour permettre à l’athlète d’examiner ses besoins, ses dialogues internes qui l’aident et l’entravent, ses forces et ses limites naturelles, et les inévitables angles morts que nous avons tous. Grâce à cette meilleure connaissance de soi et de compréhension intime, l’athlète peut mieux appréhender ses émotions: les identifier, les comprendre, les moduler et les transformer en quelque chose qui augmentera les performances plutôt que de les diminuer.


Tout comme dans un coaching « classique » l’accompagnement du sportif consiste à créer un espace de réflexion et d’écoute où l’athlète peut prendre du recul, réfléchir, partager, se questionner, clarifier et trouver des réponses pour avancer avec plus d’énergie, de clarté et de motivation.  Dans le monde compétitif et pressurisé du sport de haut niveau où l’athlète est souvent vu comme tout sauf une personne (compétiteur, espoir, gagnant, perdant, champion, ou même star), l’espace de coaching est un endroit où il peut être lui-même avant tout ; un être « normal », vulnérable et imparfait.  « C’est le seul endroit où je peux être moi-même » a confié un jeune athlète récemment « Mon coach (professionnel) est indépendant et n’a aucun lien avec mon entraineur, mon agent, mes sponsors, mes co-équipiers, ou mes parents donc je peux partager avec elle tout ce que je veux  et surtout ce qui me travaille vraiment.  Et c’est une des seules personnes qui ne me dit pas quoi faire ; avec elle c’est moi qui décide du contenu de la séance. On parle de ce qui me pèse le plus et ce qui est vraiment important pour moi et tout ça me permet de retrouver mon équilibre et d’ avancer avec plus d’équilibre et de sérénité. Ca me fait beaucoup de bien … et la performance suit donc ç’a l’air de marcher ».  

«Tous les sportifs en ont besoin ? » 

Dans le haut niveau nous retrouvons beaucoup de jeunes très doués qui ont des compétences physiques extraordinaires et une compétitivité innée.  En plus de ces 2 elements, ils manifestent souvent 2 autres traits assez classiques chez les précoces qui sont l’hypersensibilité et le perfectionnisme ; une combinaison évidement compliquée à gérer.  L’accompagnement en gestion des émotions est donc très aidant pour ces jeunes les permettant de mieux comprendre et vivre les haut et les bas de l’entrainement et les compétitions, et surtout de mieux appréhender les moments inévitables de dépression post performance vécue par beaucoup de sportifs de haut niveau.  L’approche de l’entraineur va jouer un rôle primordiale car si son travail est mené avec intelligence émotionnelle et bienveillance le sportif aura beaucoup moins besoin d’un coaching.  

Conclusion

Dans un contexte globale où les sportifs commencent à parler plus ouvertement des difficultés émotionnelles vécues au moment où ils semblaient être au top de leur forme on se rend compte de l’importance de cet accompagnement pour les jeunes espoirs d’aujourd’hui.  On remercie Michael Phelps de son honnête dans son documentaire « Le Poids de l’Or » ainsi que Teddy Riner pour sa transparence dans son interview avec Meriem Salmi psychologue à l’INSEP. Une grande pensée également pour tous les gymnastes américaines et britanniques qui ont brisé le tabou sur l’abus psychologique qu’ils ont subi pendant des année qui leur a laissé avec des séquelles qui perdurent longtemps après la fin de leurs carrières sportifs … Grâce à toutes ces personnes courageuses l’accompagnement mentale et émotionnel commence à trouver sa place dans la préparation des athlètes ; c’est non seulement important mais plutôt vitale.  La Commission Coaching & Sport d’ICF France est la première commission ICF dans le monde à travailler sur la professionnalisation et la reconnaissance de cette spécialisation en coaching et nous en sommes fiers d’apporter ce soutien à de plus en plus de sportifs français au quotidien, et surtout dans leur préparation aux JO Paris 2024 ! 

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