Portrait 13 – Monique Jansen

Portrait de Monique Jansen signé par Brigitte Gurfinkiel.


Selon vous, quels sont les secrets d’un coaching réussi ?

Le secret, cela peut être qu’il n’y a pas de secret !

Une anecdote révélatrice ?

J’ai accompagné une personne qui testait, à la demande de son entreprise, la démarche coaching, donc pas spécialement demandeuse. Surprise, elle dit à la fin : « Waouh, c’est un vrai métier ! ».

Une image ?

« Persienne », un tableau du peintre Albert Marquet : mi-lumière, mi-pénombre, l’on y voit une fenêtre ouverte vers l’intérieur et les volets entrouverts vers l’extérieur. Cela m’évoque la relation coach et personne accompagnée : ils ouvrent, ferment, entrouvrent…

Vous êtes aussi dans votre démarche « facilitatrice en créativité », en quoi cela consiste ?

La créativité est un mécanisme intérieur dont la plupart des gens n’ont pas connaissance. Elle est universelle et présente chez tout le monde. Elle n’a pas d’âge, pas de sexe, pas de culture. Multiforme, on méconnait souvent, voire dévalorise sa puissance et son potentiel. J’aide les gens à aller la chercher car c’est un très fort facteur de confiance et d’estime de soi. Au gré de la séance, j’utilise tel ou tel outil : le dessin, la pâte à modeler, le portrait chinois, la symbolique, le scénario catastrophe… J’ai appris plus de 100 techniques de créativité et créé un jeu de cartes.
L’important, c’est le déclic. Une personne que j’accompagnais a eu un flash sur un objet aussi trivial qu’une chaîne de vélo, et cela lui a ouvert tout un champ de potentialités.

Comment avez-vous découvert le coaching ?

Après une quinzaine d’années de fonctions opérationnelles et managériales dans le tourisme d’affaires, j’ai fait un virage vers le métier de consultante en formation en rejoignant un cabinet pionnier dans la créativité appliquée à l’entreprise.
Un critère majeur pour y entrer était de témoigner d’un parcours de développement personnel. A l’époque, c’était pour le moins étonnant, très attirant pour moi.

Comment êtes-vous devenue coach ?

J’animais beaucoup de formations au management, à l’affirmation de soi, à la créativité. J’ai ressenti qu’au-delà de la formation proprement dite, certains managers éprouvaient un vrai besoin, de nature plus profonde, d’être accompagnés sur la durée pour « aller plus loin ».
Je partageais ce ressenti avec des collègues formateurs. C’est ce qui nous a amenés à explorer de nouvelles pratiques d’accompagnement. En 1997, nous avons fait partie – à titre de « testeurs » du premier groupe de personnes que Danièle Darmouni a formées au coaching dans la structure qui allait devenir International Mozaïk.

Pourquoi avoir rejoint une association de coachs comme ICF ?

L’affiliation à International Coaching Federation constitue à la fois une protection, en offrant un cadre éthique et formateur d’exercice de la profession et une ouverture, à travers une communauté de coachs. L’appartenance à une telle communauté, riche entre autres de par son envergure internationale est quelque chose de très positif.
C’est, notamment pour les jeunes coachs, un excellent moyen de partager, de se confronter à d’autres spécialistes, de se frotter aux limites de notre métier, et d’y grandir.

Quel rôle avez-vous joué au sein d’ICF ?

Depuis 12 ans, l’un de mes principaux engagements au sein d’International Coaching Federation a été d’obtenir une plus grande reconnaissance professionnelle du métier. 1 an au Conseil d’Administration d’ICF France, 3 ans au Comité de Professionnalisation, j’ai été Référente ICF pour le projet de reconnaissance du métier de coach professionnel dans le RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles).

Un important travail de formalisation et structuration avec un premier aboutissement en janvier 2016. Dans la continuité et le même esprit, j’ai participé à la création, en 2019, du SIMACS (Syndicat Interprofessionnel des Métiers de l’Accompagnement, du Coaching et de la Supervision) dont ICF est un des fondateurs et me suis impliquée dans la Fédération des Superviseurs Professionnels (PSF). Je suis, après 2 ans au CA, toujours membre ressource de PSF.

Avec plus de 20 ans de pratique, quel regard portez-vous sur l’évolution du coaching ?

Je constate que le coaching s’est peu à peu démocratisé ; il est désormais accessible à de plus en plus de monde, ce qui est une bonne chose. J’y vois un lien avec la « démocratisation » et l’ouverture plus grande au champ
psychologique. Il en va de même de l’exercice du métier, élitiste dans ses débuts, aujourd’hui de plus en plus
ouvert. Avec une limite toutefois : tout le monde ne peut pas exercer ce métier. Il suffit de lire les définitions des 8 compétences ICF et la charte déontologique de notre métier pour explorer cette limite.
Les types de coaching liés à une expertise coachings sportif, scolaire… – me semblent souvent plus proches du mentoring et ils acquièrent plus de finesse lorsque les coachs sont formés et certifiés par des écoles elles-mêmes
certifiées par de grandes fédérations professionnelles. C’est pour moi a priori une garantie de professionnalisme, même si cela n’exclut pas parfois de l’amateurisme.

Comment vous ressourcez-vous au quotidien ?

Je ne saurais pas vivre sans enfants autour de moi. La fréquentation de mes petits-enfants me ressource beaucoup, comme celle de mes proches, mes amis. Il y a aussi le piano, commencé sur le tard, le tennis, la marche et le rire.

Par ailleurs, le Mali a une place énorme dans mon coeur. C’est au départ une histoire d’amitié avec une famille du pays Dogon. En 2003, nous avons fondé, des amis et moi, une association de soutien à 2 écoles pour 300 enfants (cantine, fournitures scolaires, etc.). Le terrorisme nous empêche d’y retourner depuis 2011. Mais une belle surprise dans cette situation si triste : nos donateurs continuent à nous aider et à soutenir ces enfants et leurs familles. Cet engagement m’est aussi très précieux dans mon métier, me faisant relativiser des situations et être plus source d’empathie et de distance à la fois.

Quelles sont vos envies pour les accompagnements à venir ?

Continuer à transmettre et aussi à apprendre des autres. J’ai été mentor pour de jeunes coachs pendant quelques années. Depuis 10 ans, je suis superviseure de coachs et de responsables en entreprise.

Ma fille a rejoint mon cabinet en 2017, à sa demande, en tant qu’Associée. Elle est basée à Lyon et moi à Paris. Une alliance réussie.

Le mot de la fin…

« Je suis heureux parce que c’est bon pour la santé » : une maxime de Voltaire qui m’accompagne depuis longtemps. Je crois que chacun peut la décliner à sa façon.