Le coaching, un métier d’avenir ? Catherine Tanneau

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Un article de Catherine Tanneau *


S’il y a bien une conclusion à tirer de la dernière étude menée par l’International Coaching Federation[1], c’est que le métier de coach professionnel est en expansion constante et devient un pilier incontournable dans un monde de plus en plus incertain et volatile.  

Aujourd’hui, un dirigeant sur deux a été accompagné au cours de sa carrière par un coach professionnel (prise de poste, arrivée dans un comité de direction, expatriation, nouveau défi, …). Dans le monde des start-ups, les investisseurs veillent à ce que les entrepreneurs bénéficient de coaching avec un tiers de confiance externe pour ajuster leurs décisions et installer les conditions de réussite dans la création d’équipe et le lancement de projets innovants.

Ainsi, nous assistons à une demande de coaching croissante de la part des leaders pour faire face aux défis actuels, d’autre part les entreprises sont à la recherche de plus d’agilité et de responsabilisation pour davantage engager leurs collaborateurs dans un environnement de plus en plus incertain suite à la crise sanitaire sans précédent.

Le coaching : une ressource clé plébiscitée par les jeunes générations

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Les chiffres-clés, mis en évidence par l’étude 2020 ICF-Price Waterhouse[1], viennent souligner à quel point les publics de jeunes décideurs expriment le besoin de bénéficier de coaching dans un monde de plus en plus VICA[2] (Volatile, Incertain, Complexe et ambigu). Le client-type du coaching est à 70%, un décideur de 40 ans en moyenne avec un impact collectif (dirigeant, manager, chef d’équipe ou de projet) ; son âge diminue chaque année.

Des études de Google sur l’ensemble de ses employés ont montré que les jeunes recrutés s’attendent à être coachés pour progresser dans leur carrière. Nous savons aussi que 75% des millenials recherchaient des leaders porteurs de sens et de valeurs attentifs à les faire grandir.

Offrir du coaching est un gage d’attractivité pour les entreprises et une condition de fidélisation des jeunes talents.

Enfin le coaching s’adapte et se fait de plus en plus … à distance, même cette modalité n’est pas nouvelle, la tendance s’accélère depuis 5 ans (de 24% à 48%). Non seulement, cela convient à ces nouveaux publics et au contexte sanitaire mais cela aide les managers à accompagner leurs collaborateurs et à maintenir du lien et du sens au sein d’équipes en télétravail. Le coaching peut jouer un rôle d’un amortisseur face aux nouvelles formes de travail hybrides qui se développent aujourd’hui.

Le coaching, un catalyseur qui agit sur trois principaux leviers :

Le coaching est orienté vers la prise de conscience mais aussi vers la recherche d’options concrètes, qui tiennent compte tous les facteurs internes et exogènes.

  • La responsabilisation ou empowerment de chacun dans l’identification des leviers appropriés à la situation, le côté « in situ » permet la mise en action et l’engagement responsable des personnes/équipes accompagnées
  • L’activation de ressources internes individuelles ou collectives souvent entravées par des facteurs personnels (manque de confiance en soi, lassitute, stress) ou collectifs (difficultés à décoder un environnement complexe, manque de visibilité sur le projet collectif, mécompréhensions au sein d’un collectif, etc).
  • La mise en mouvement : l’invitation à explorer de nouvelles manières d’agir, de nouveaux comportements, à considérer son environnement comme une source d’opportunités.

Ainsi, le coaching crée un espace qui permet de prendre le recul nécessaire pour des décisions et des actions menées avec discernement et par des coachs professionnels et si possible certifiés (72% des managers qui ont répondu à l’étude ICF-PWC s’attendent à ce que leur coach possède une certification).

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Écoutons un DG qui a eu recours au coaching pour lui et son équipe :


“ … En questionnant et en écoutant davantage, j’ai observé que je recevais bien plus de feedback et que cela m’aidait à identifier les bons leviers d’action. Cela a permis de progresser ensemble et cela contribue clairement à plus de confiance et d’efficacité collective “


 

Tendance durable ou effet de mode ?

Si le coaching permet d’accélérer le développement des individus et/ou des équipes et des organisations et de maximiser leur potentiel notamment dans des contextes de transformations, il se développe aussi comme un des composantes clés des modèles de leadership. Cette tendance, déjà nettement observable dans l’étude ICF-PWC, est appelée à se confirmer dans les prochaines années.

L’approche hiérarchique, «top down» ne fonctionne plus avec les impératifs de coopération et l’arrivée des jeunes générations sur le marché du travail. Le mot d’ordre est de développer l’agilité managériale avec un leadership qui intégrer les paradoxes suivants :

  • La gestion de l’incertitude ET le besoin de sens et de perspectives ; 
  • La crise de valeurs ET la gestion de la diversité et de l’inclusion ;
  • Le monde numérique ET le besoin d’humanité ;
  • La performance à court terme ET la responsabilité sociale et environnementale à long terme.      

L’intégration des compétences de leader-coach est un atout pour pratiquer un leadership responsable et porteur de sens qui éveille et stimule le potentiel des chacun et l’intelligence collective dont les organisations ont tant besoin.

Ces compétences sont devenues des composantes essentielles des modèles de leadership des grandes entreprises alors que dans le monde de la « tech » de plus en plus de jeunes entrepreneurs décident de se former pour être plus efficace et plus innovant et mieux diriger leurs équipes: « Le parcours de formation au coaching m’a permis d’orienter plus facilement des décisions de mon Comité Exécutif grâce à une position de questionnement plutôt qu’à l’affirmation de ma vision défendue par mes convictions. »

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Le coaching renoue ici avec une de ses missions premières : permettre à chacun de révéler ses talents et faire grandir l’esprit d’initiative et de créativité face à une situation complexe.

Conclusion

La crise sanitaire devrait encore accroître ces tendances. Dans ce contexte d’incertitude généralisée, le besoin de se réinventer et de faire preuve d’innovation et de responsabilité sociale est pressant.

Le coaching contribue a développer de nouvelles cultures de travail plus orientées vers la collaboration, la diversité, l’inclusion et de la créativité. Le coaching a un rôle majeur à jouer dans les prochaines années, non seulement aux côtés des leaders et de leurs équipes mais plus largement au service de la société civile.

À propos de l’auteure :

* Catherine TANNEAU, Présidente du Board monde de la Fédération Internationale de Coaching pour les coachs professionnels, Coach de dirigeants certifiée Master coach avec plus de 10 000 heures de pratique, Professeur de leadership à HEC,  DG du cabinet Variations International et de l’école de coaching Activision.

Annexes :
quelques chiffres en complément

Le coaching répond à une forme de management inclusif et responsable
La compétence coaching est une réponse adaptée aux nouvelles formes de management exigées par l’évolution des organisations.  Le coaching apporte à la pratique managériale des capacités d’écoute, de travail collaboratif, de responsabilisation, de créativité et de d’intégration de l’intelligence émotionnelle.  Selon une précédente étude PWC-ICF [5], le coaching contribue à :

  • Augmenter la confiance en soi (80% des répondants)
  • Fluidifier les relations interpersonnelles (73% des répondants)
  • Développer les capacités de communication (72% des répondants)
  • Améliorer l’environnement de travail et l’équilibre vie personnelle/professionnelle (67% des répondants)

Le coaching est un véritable « booster » de performance et d’engagement

Au sein des organisations, son impact est tangible en termes de motivation, de performance collective et individuelle, de développement du leadership, d’amélioration de la dynamique relationnelle et du fonctionnement collectif. 

Productivité accrue pour environ 60% des répondants*

  • Efficacité de l’équipe
  • Performance au travail
  • Relations plus constructives
  • Meilleure gestion du temps
  • Développement du leadership plus rapide

Une culture du coaching dans une organisation est source d’un meilleur engagement : selon les différentes études de Human Capital Institute & ICF[3],  dans les entreprises ayant développé une forte culture du coaching, les collaborateurs sont plus fortement engagés et ces entreprises présentent des résultats bien meilleurs que la moyenne de leur secteur :

2 collaborateurs sur 3 se déclarent très engagés (contre 1 sur 2 pour le reste de l’échantillon)

51% de ces entreprises présentent des revenus supérieurs à la moyenne de leur secteur (contre 38% seulement pour le reste de l’échantillon)

Qu’est-ce que le coaching ?

Le métier de coaching de développe[4] : +36% par rapport à 2015, avec environ 80 000 coaches professionnels répertoriés dans le monde entier qui interviennent principalement sur: le développement du Leadership (30%), le coaching managérial (16%) et de plus en plus le coaching collectif d’équipes et d’organisation (16%).

L’International Coaching Federation (ICF, première Fédération mondiale de coaches avec plus de 40 000 coaches dans 150 pays), définit le coaching professionnel comme un processus de réflexion et de créativité réalisé en partenariat avec un client pour l’inspirer à maximiser son potentiel personnel et professionnel et ce malgré la complexité et l’incertitude croissantes qui existent couramment aujourd’hui dans les milieux de travail qui doivent batailler pour obtenir les talents dont ils ont besoin pour réussir.

A la clé, le professionnalisme du coach : chez ICF, les 2/3 des coaches adhérents sont certifiés et les parcours pour devenir Coach Certifié sont très exigeants. Non seulement il faut avoir suivi un parcours de formation dûment accrédité mais aussi pouvoir démontrer d’heures de pratiques selon le niveau visé (plus de 2 500 au niveau Master, soit environ 10 ans de pratique). Depuis 2020, un badge digital garantit aux clients la fiabilité des certifications de coaches.

Les coaches s’impliquent dans le progrès social : les programmes “pro bono” de la Fondation ICF ont touchés plus de 12 millions de personnes grâce à des partenariats avec la Croix Rouge, l’UNICEF et bien d’autre associations.

[1] Étude sur le marché du coaching menée en 2020 par l’International Coaching Federation* en collaboration avec PriceWaterhouse ; ICF avec plus de 42 000 adhérents représente la première Fédération de coachs présente dans 150 pays sur environ 70 000 coachs recensés dans le monde ; pour en savoir plus : www.coachingfederation.org

[2] VICA ou VUCA, acronyme utilisé il y a une quinzaine d’années par l’armée américaine pour décrire la nouvelle configuration du monde : Volatile, Uncertain Complex et Ambiguous

[3] Source : Etudes HCI (Human Capital Industry) et International Coach Federation sur un échantillon de plus de 600 organisations dans le monde

[4] Étude sur le marché du coaching menée en 2020 par l’International Coaching Federation* en collaboration avec PriceWaterhouse ; ICF avec plus de 42 000 adhérents représente la première Fédération de coachs présente dans 150 pays sur environ 70 000 coachs recensés dans le monde ; pour en savoir plus : www.coachingfederation.org

[5] Source: International Coach Federation Global Coaching Study commanditée à PWC en 2016: 15 380 réponses dans 137 pays.