Portrait 6 – Philippe Chirade

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“J’ai découvert qu’en étant coach, on permet à la personne de révéler qu’elle a en elle tout le contenu adéquat, au lieu de le transmettre verticalement.”

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PHILIPPE, QUELLES ONT ÉTÉ VOS MOTIVATIONS POUR DEVENIR COACH ?

Avant d’être coach, j’ai travaillé dans l’industrie pharmaceutique principalement sur des fonctions managériales. J’avais une vraie appétence pour la communication au service du développement des collaborateurs et j’animais des formations sous l’angle de l’expertise. Au bout de 25 ans, j’ai décidé de faire autre chose ; j’avais très envie de développer ma propre activité, d’être indépendant.Lors de mon changement de cap, je n’avais pas pour ambition de devenir coach. Je me suis inscrit dans une école de coaching en pensant plutôt trouver des outils qui me permettraient de développer une expertise sur les formes d’accompagnement… Sans avoir aucune idée de ce que je découvrirais. À l’issue de mon année de formation, j’ai décidé de changer complètement mon projet et de devenir coach. J’ai découvert qu’en étant coach, on permet à la personne de révéler qu’elle a en elle tout le contenu adéquat, au lieu de le transmettre verticalement.

QUELLE PLACE A VOTRE PASSÉ DE SPORTIF DE HAUT NIVEAU DANS VOTRE PRATIQUE DE COACH ?

Le sport est en moi ; c’est aussi une expertise qui fait que certains de mes clients me choisissent. Même si, je ne développe pas prioritairement l’aspect sportif dans ma pratique. Mon regard sur ce qu’amène le sport est critique et équilibré : faire du sport, c’est une façon d’être heureux dans la vie. Je connais néanmoins beaucoup de sportifs de haut niveau qui ne le sont pas et quand j’ai des demandes avec des objectifs de performance, notamment aller « le plus loin possible », je veille particulièrement à l’écologie de la personne. Mon approche désarçonne parfois les gens qui pensent trouver en moi quelqu’un qui va les pousser toujours plus loin. Je me qualifierais comme un ancien athlète en vigilance vis-à-vis des travers du sport de haut niveau, tout en m’appuyant sur les leviers qu’il nous offre.

QUELS SONT VOS RESSOURCEMENTS DANS VOTRE QUOTIDIEN ?

Ce qui me ressource, c’est tout d’abord mon extraordinaire complicité avec mes deux associées. J’ai la chance de travailler avec deux femmes, une sur Paris et la seconde sur Grenoble. Nous avons tous les trois une complicité telle que mon premier ressourcement est d’être en lien avec elles en permanence, grâce à nos rencontres, aux mails et échanges téléphoniques. Nos liens sont très forts. Mon deuxième levier de ressourcement, c’est tout ce que je trouve dans la communauté des coachs, au sens large, et de l’ICF en particulier. J’ai beaucoup de plaisir à échanger avec mes collègues de l’antenne Rhône -Alpes et ceux du Pôle Lyonnais. Je pense aussi à mes superviseurs qui, à chaque fois, ont été des ressources extrêmement puissantes. Dans mon quotidien personnel, mon ressourcement en dehors de ma pratique régulière du sport, c’est ma famille : ma femme, les amis et ce qui tourne autour du « bien vivre » : un bon restaurant, boire de bons vins.

QUELLE EST LA QUALITÉ PREMIÈRE D’UN COACH ?

J’adore une super citation de Gene Brown qui dit « L’ennui avec l’humilité, c’est qu’on ne peut pas s’en vanter ». À mes yeux, la principale qualité du coach, c’est l’humilité. Que le coach soit conscient qu’il n’est pas tout puissant. Accueillir l’instant présent est aussi une qualité que je juge indispensable. Même après 11 ans d’exercice et en pratiquant beaucoup, je me fais toujours surprendre par l’issue de certaines séances.

QUELLE ANECDOTE, FAIT SURPRENANT OU CLIN D’ŒIL AMUSANT AIMERIEZ-VOUS PARTAGER AVEC NOUS ?

Pour un de mes premiers coachings, j’ai accompagné un homme qui est venu à la demande de sa conjointe. Elle m’avait dit : « il faut que tu coaches mon mari, il n’arrête pas de changer de travail. Il est ingénieur et j’aimerais qu’il reste stable ». J’ai donc rencontré ce monsieur très sympathique et je l’ai accompagné sur plusieurs séances. La thématique initiale était : la stabilité dans l’emploi. Au bout de deux ou trois séances, je lui ai demandé de me reformuler l’objectif du coaching. Il a répondu qu’il était là parce que sa femme l’avait dirigé vers moi, mais il a ajouté : « je n’ai plus envie d’être ingénieur. J’ai envie d’ouvrir un hôtel en montagne et surtout je souhaite avoir la paix ». Quand je lui ai demandé ce que signifiait pour lui « avoir la paix », il m’a répondu qu’il voulait partir car ils étaient ‘’à couteaux tirés’’ avec sa femme. Je trouve cette anecdote interpellante et révélatrice. Le fait que le mari abandonne ses postes relevait probablement du tiraillement qu’il y avait dans son couple. Aujourd’hui, il gère un petit hôtel en Chartreuse et est heureux. Sa femme aussi … Ce coaching m’a beaucoup marqué, cela rejoint ce que je disais plus haut sur les qualités du coach : il faut s’attendre à tout mais surtout pas à ce que l’on imaginait au départ.

Interview réalisée en 2019 par l’agence Più.